Allemagne: le plus grand programme de modernisation de l'histoire de la DB
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08/02/2016

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S’il fallait une preuve qu’il n’y a pas de bons trains sans de bonnes infrastructures, il suffit de lire ci-dessous le programme de rénovation concocté par la grande maison allemande. Des chiffres astronomiques pour seulement cinq années, mais amplement justifiés par la dégradation inquiétantes de plusieurs centaines de point sensibles.

Après de longues négociations, le plus grand programme de modernisation de l'infrastructure de l'histoire de la « Bahn » vient d’être établi pour les cinq prochaines années. La réfection complète des voies et des équipements fait partie d’un accord de base et de financement (nommé LUFV II) conclut entre le rail et l’Etat. De 2015 à 2019, environ 28 milliards d'euros seront disponibles pour le réseau existant, avec 12 milliards d'euros pour le seul génie civil. L’accord exclu les lignes nouvelles. 16,6 milliards d'euros proviennent de l’Etat fédéral et 11,4 milliards € de ressources propres de la « Bahn ». Le Ministre fédéral des Transports, Alexander Dobrindt (CSU), a exprimé l'espoir «  que nos ressources aillent rapidement vers des investissements ciblés sur le réseau existant et aux points dégradés, afin de résorber en particulier l'arriéré de remise en état des ponts  ».

Un point crucial est en effet la modernisation des ponts délabrés et qui sont considérés comme points vulnérables sur le réseau. Près de 9.000 des 25.000 constructions ont plus de 100 ans d’âge et 1.200 requièrent une rénovation urgente. 2016 sera en outre une année « tournée vers le client » : environ 5,5 milliards d'euros seront investis pour une fiabilité et une qualité supérieure en accord avec le programme d'entreprise « Zukunft Bahn » (Chemin de fer pour le futur). La « Bahn » aurait ainsi près de 875 chantiers à effectuer, sans quoi il y aurait un risque d’amende. L’accord en effet a prévu des pénalités pouvant monter jusqu’à 400 millions par an en cas de défaut de mise à niveau.

Dr. Roland Bosch, le patron de la Production chez DB Netz : «  Nous avons commencé le plus grand programme de modernisation pour le rail avec succès, et nous pouvons supposer qu'en 2016, environ 200 millions d'euros de plus par rapport à l’année dernière seront à notre disposition pour la modernisation de notre infrastructure ferroviaire. L'objectif est d'augmenter la disponibilité de manière significative  ». En 2016, la Bahn prévoit la rénovation et l'entretien de 3.200 kilomètres de voies, 2.000 aiguillages, 2,9 millions de traverses et environ 4 millions de tonnes de ballast, ainsi que 150 ponts. Pour une telle série de mesures, il importe de prévoir un calendrier de coordination avec toutes les parties prenantes.

Dr Thomas Schaffer, directeur Ventes et Planification chez DB Netz : «  Nous voulons que pour nos passagers et nos clients du fret, il y ait aussi peu de restrictions que possible. Par le passé, nous avions déjà effectué de gros chantiers de rénovation sur les grands corridors. A présent, nous nous concentrons sur les petits travaux. Avec cela, nous pouvons réduire le nombre et la durée des fermetures continues liées aux rénovations, et cela avec une augmentation du volume de travaux. En outre, grâce à de nouvelles solutions numériques, nous envisageons des projets de construction à court terme plus souple et plus rapides pour minimiser les restrictions supplémentaires sur le trafic ferroviaire  ».

Leipzig (photo Tilman Scheinpflug via flickr CC BY-NC-ND 2.0)

Après environ 80 lignes et environ 500 mesures individuelles en 2015, plus de 76 lignes sont prévues à l'échelle nationale en 2016, avec près de 850 mesures individuelles. Pour être en mesure de vérifier et d’être rapidement informé sur les changements pour cause de travaux et à quelle date, les clients auront à leur disposition un site internet à l’adresse www.bahn.de/ bauarbeiten ainsi qu’une ligne téléphonique gratuite. En outre, le site de l’ambassadeur de la DB, « Max Maulwurf », informera via des affiches, des brochures et des panneaux d'affichage dans les gares.

Quelques exemples: la ligne des ICE Hambourg-Hanovre-Göttingen doivent être renouvelés de mai à septembre à deux étapes pour les aiguillages et les voies. Environ 100 trains longue distance seront quotidienne détournés à partir de mi-Juillet, conduisant à des temps de parcours allongés de 40 minutes. La ligne Münster – Bremen aura aussi des travaux de rénovation de la signalisation et de sécurité.
La section Francfort-Mannheim sera praticable à voie unique à partir de mi-Juillet jusqu’à fin août. Là aussi, une partie du trafic à longue distance sera détourné. Pour le transport, cela signifie un temps de trajet prolongé de 10 minutes, voire même des annulations partielles sur la section Mannheim - Biblis. En outre la DB adapte la ligne à grande vitesse Mannheim - Karlsruhe / Stuttgart avec la nouvelle signalisation ETCS. Dans les phases prévues à la fin avril à début septembre et de mi-novembre à décembre, le temps de voyage sera prolongé de 5 petites minutes.

Plus à l’est, la mise en service de la nouvelle Erfurt - Nuremberg en décembre dernier, permet la fermeture totale durant 34 semaines de la ligne classique entre Hallstadt et Bad Staffelstein. De la mi-janvier à début septembre d'importants travaux de ponts et de quais auront lieu, suivi des renouvellements des voies. Cela démontre qu’une ligne classique existante n’est pas abandonnée en dépit de la construction d’un tronçon nouveau.

Tout au sud, en Bavière, la voie sur Munich - Autriche sera elle aussi réhabilitée, sur Munich - Rosenheim - Salzbourg (de mi-février à début août) et sur Rosenheim - Kufstein (de début août à fin octobre). Le travail sur les aiguillages et le renouvellement de la caténaire sur la section Munich - Rosenheim demandera en plus une fermeture totale entre fin avril et début mai, un moment rare sur ce tronçon très chargé qui donne à la fois sur l’Autriche, mais aussi sur le Brenner et l’Italie.

Cet ensemble non exhaustif de mesures met en lumière le nécessaire maintien d’une culture de la maintenance des infrastructures, un poste souvent appelé à faire les frais de mesures d’économie quand elles deviennent indispensables. On préfère souvent faire rouler les trains « vaille que vaille », la priorité étant de faire rouler le client, peu importe sur quelles voies. Jusqu’au point de non-retour et d’urgence…