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Ces alternatives qui diabolisent le train


Ils ont le pouce tourné vers leur destination, partagent un siège auto ou embarquent dans un autocar savamment modernisé : les nouvelles habitudes sociétales du voyage se répandent plus vite que le meilleur marketing des grands acteurs en transport. En parallèle, l’aviation low-cost a formidablement formaté les consciences et aligne des tarifs insolents pour des trajets supérieurs à 1000 kilomètres. Le train reste l’éternel transport marginal et peine à se convertir aux nouvelles modes. Regard sur une réalité où, au-delà de la technologie, c’est surtout la psychologie et le portefeuille qui comptent.

Priorité sociétale
On est bien d’accord : les trois priorités avant toute chose sont de se loger, de se chauffer et de se nourrir. Mais la génération Y, gavée à l’interconnexion et à la jouissance immédiate, en a rajouté une quatrième : se déplacer à tout prix. Caprice d’enfant gâté ou réelle nécessité ? Les avis divergent et agacent : il est rare de rencontrer quelqu’un affirmer que le déplacement – hors chemin du travail – est souvent inutile et trop basé sur la consommation du plaisir. Et pourtant ! Les embouteillages monstres quotidiens ne sont pas dû à une soudaine poussée démographique, mais bien à la quantité exponentielle des déplacements que n’ont jamais connu nos parents. C’est bien le paradoxe : plus on est connecté, plus on se déplace. L’abondance asphyxie notre mobilité, mais dès l’instant où de nouvelles mœurs sont lancées, il est inutile de vouloir renverser la vapeur.

Qui terrasse qui ?
On avait cru dans les années 80 et 90 que le train, celui de la grande vitesse, allait terrasser les polluants avions au sol, sur les trajets inférieurs à 1000km. C’est bien ce qui arriva, et l’Europe entière s’élança dans la construction de nouvelles lignes ferroviaires où les bolides atteignent 300km/h. A train nouveau s’était ajouté tarification nouvelle, où le prix dépend d’un tas de facteurs inconnus du quidam. On sait seulement que plus on réserve tôt, moins c’est cher, et qu’il vaut mieux éviter les vendredis et dimanche soirs, heures de grandes transhumances de et vers les provinces. A ces conditions pratiques, se sont ajoutées des convictions certaines et des certitudes sociétales : l’avion pour 600km, c’est criminel ! Du coup le train reprend du poil de la bête et fait figure de solution magique pour une mobilité post-carbone. L’Europe emboîte le pas, mais c’est déjà trop tard. Le libéralisme court bien plus vite….


(Jeremy Keith Flickr CC BY 2.0)

La déferlante est venue de là où on ne l’attendait pas : ayant racheté des avions en surplus à très bas prix (suite à septembre 2001), une société irlandaise se lance dans un concept révolutionnaire d’aviation pas chère. Elle arrive à point nommé, les années 2000 se singularisant par une prise de conscience de la mobilité, mais dans deux sens opposés : l’un promeut la société sans pétrole, l’autre fait feu sur prix du déplacement ! Grand écart garanti mais Ryannair, Easy Jet et autre Vueling n’en ont cure : la mode est lancée et va faire très mal. C’est que l’aviation low-cost combine deux critères imbattables : vitesse et prix accessibles à tous, ou la promotion de la démocratie par le prix ! L’uppercut atteint joyeusement le TGV qui peine tout juste à se rentabiliser. Le détournement des clients commence, avec ses buzz savamment lancés où le quidam découvre un Paris-Nice ou un Hambourg-Munich pour moins de 30-40€. La suite est connue, les résultats implacables : 80 millions de passagers chez Ryannair, qui dit mieux ?

Quand le capitalisme liquide les convictions
On peut ergoter un siècle sur « la chose », mais on s’amuse à constater que l’aviation low-cost a balayé les bons sentiments de la société post-carbone. Dès l’instant où l’impératif du déplacement prime, tout est bon à prendre. Quitte à sacrifier ses convictions devant tant de facilités. Et ça marche ! Le capitalisme dans sa forme la plus pure a ainsi séduit ses opposants qui ne s’en remettent qu’à des arguments balbutiants pour se justifier. Une récente tribune sur le regretté site Presseurop en dit plus long que tous les discours larmoyants. L’auteur suédois n’hésite pas écrire : « Il est donc difficile de comprendre comment quelqu’un qui se dit “de gauche” peut faire la queue devant un guichet Ryanair sans rougir » (1). Au-delà de ces questions existentielles, le débat low-cost a réussi à diviser durablement la conscience collective : l’Etat très cher contre privé pas cher, un beau sujet de philo…

L’auto, bien loin d’avoir disparue
Les fauchés à temps plein et communautaristes de conviction se répandent depuis des décennies aux abords des autoroutes : le bon vieil usage de l’autostop, quoique marginal, est toujours d’actualité et séduit, mais son côté aléatoire dans une société formatée où chaque heure compte a conduit à améliorer le concept. Ainsi naquit l’autostop organisé à minima : jadis, une radio belge transmettait des offres de covoiturage et mettait en relation les candidats. L’arrivée du GSM puis du Smartphone rend désormais la relation directe, grâce à quelques sites internet centralisant les demandes. Invention libre et sans contrôle, le co-voiturage fait parait-il fureur à des prix convenables : on trouve ainsi des Paris-Londres à 32€ en covoiturage pour un trajet de 5-6 heures. C’est trois fois le temps, mais …trois fois moins cher que l’Eurostar !



Le concept séduit : Carpooling, une des sociétés spécialisées, estime que chaque mois ils sont 1,3 million en Europe à utiliser le covoiturage pour des déplacements de longue distance, soit l’équivalent de trois mille TGV… Sarcastique, le patron d’une autre société française précise : « Les grèves de la SNCF nous ont aidé à décoller ». Le journal La Croix relatait ainsi quelques expériences d’utilisateurs, en prenant l’exemple de Florian, habitant à Caen mais étudiant à Paris : « Je n’économise pas grand-chose par rapport à un Paris-Caen avec la carte de réduction 12-25 ans [ndlr SNCF], mais je peux voyager à n’importe quelle heure. En plus, les gens me déposent souvent près de chez moi ». Le co-voiturage manifestement n’a pas laissé indifférent les états-majors ferroviaires : la SNCF s’est engouffrée dans la vague en tentant d’endiguer le phénomène, par sa participation dans GreenCove puis son rachat pur et simple via Ecolutis. Le groupe « souhaite être présent sur ce marché pour compléter son offre de transport et répondre aux nouvelles attentes des clients vers des modes de transport alternatifs », indiquait le Monde en septembre 2013. Ou comment le rail tente de minimiser son principal handicap : le porte-à-porte à toute heure.

En attendant, les voitures partagées et autres VTC (véhicules de tourisme  avec chauffeur) sèment la poudre partout, comme en témoigne la grogne des...taxis, qui ont eux aussi à subir cette nouvelle concurrence (2).

Contourner le Thalys
Une autre mode, quoique plus confidentielle, consiste à louer une voiture pour un jour : c’est moins cher que d’aligner 600€ pour un aller-retour Belgique-Disneyland Paris par TGV, quand on a quatre enfants à faire rêver. Voilà le train touché au cœur même de son âme, puisque le célèbre parc a précisément été construit…sur une ligne TGV, pour un trajet le mettant à 1h35 de la capitale belge et à 2 heures de Lyon ! Les tarifs TGV souvent considérés comme « anti-familiaux », conduisent les familles à recourir massivement à la voiture pour des distances de 200 à 300km. La vitesse n’intéresse plus, le portefeuille est primordial… Dans un autre registre plus confidentiel, les adeptes à temps plein du « carfree », les « sans autos de conviction », se plient aussi au carbone à minima en louant une quatre roues une fois par an pour leurs vacances dans le Sud, confirmant au passage les causes du raté du transfert modal évoqué par nos soins il y a déjà un petit temps (3).

Le temps du partage ?
On pourrait aussi le penser quand on lit de plus en plus de proses sur la fin de la propriété et l’apparition d’une nouvelle ère, celle du partage. Un peu gros mais récemment, le quotidien français Les Echos relatait que, selon un sondage – un de plus - : « Pour la majorité des Européens, la voiture n’est plus un symbole de réussite sociale, comme c’était le cas il y a vingt ans. La première notion citée est désormais la liberté et d’indépendance, comme l’ont indiqué 52 % des répondants. Vient en deuxième place le gain de temps (49 %), mais aussi – et c’est une menace pour les constructeurs – les coûts liés à la possession d’une voiture (45 %) » (4). Indépendance et gain de temps, voilà deux facteurs maudits pour le chemin de fer, qui par essence est collectif et contraint.

L’autocar, pas encore mort et loin de là
Le bon vieil autocar de nos années jeunesse est bien loin d’être mort. Vampirisé par le TGV, il en vient à être ressuscité par son propre concurrent : la SNCF a créé iD-Bus et relie un chapelet de grandes villes en taquinant Eurolines, le spécialiste de toujours. Comme pour bien enfoncer le clou, les rendez-vous de la concurrence se font…à la gare. iD-Bus propose un Paris-Londres pour 39 à 55€, tarif moitié de l’Eurostar mais à quelle durée de trajet ? Les longs trajets Amsterdam-Budapest ou Paris-Varsovie ne semblent pas décourager non plus les amateurs, même pour 120€. Ou comment préférer le car aux trains couchettes qui roulent de nuit, en parallèle. Si moche, le train ? On pourrait le croire avec cette proposition de juillet 2013 du gouvernement socialiste français : «  [des] dispositions permettront d’ouvrir plus largement le développement du transport par car en allégeant les conditions d’autorisation d'ouverture de lignes routières ». Quand on parlait plus haut de convictions….

(Eastleighbusman Flickr CC-BY-ND-2.0)


La société carbone est pleine d’avenir !
Philosophons encore une fois : la contradiction humaine parfume l’ensemble de ces nouveaux modes sociétaux. L’intérêt pour le communautaire, pour la différence, pour s’échapper du formaté, pour contrôler ses deniers, pour l’indépendance, tout cela concoure à vouloir « niquer le train ». Un succès ? Cela dépend pour qui et pour quoi. Car toutes les alternatives développées ci-dessus sentent bon la société pro-carbone : elle l’encourage même, contredisant frontalement l’autre groupe contestataire – et minoritaire -, ceux du carfree et de l’après-pétrole. L’écolo militant qui doit impérativement aller voir sa copine à 1500km via Ryannair, çà fait tâche. Témoignage d’un italien d’Allemagne du Nord : « moi ça me permet d’aller voir ma famille quand je veux, à prix abordable. Jadis, c’était une fois par an. La pollution ? Tout le monde le fait… ». Les candidats au co-voiturage partagent aussi un sentiment de gaspiller moins : en réalité, on « partage » la pollution et le prix du pétrole. C’est déjà ça. Des internautes plus pointus sur ces questions relèvent de leur côté le « consumérisme crasse » qui s’est emparé du peuple : on se déplace pour n’importe quoi dans une frénésie qui tourne le dos à une planète durable, disent-ils. Diable : l’indépendance et l’individualisme auraient donc un prix. Choc des idées et diversités des opinions, c’est aussi cela, la génération Y….

Quelles réponses aux alternatives sociétales ?
Une preuve vérifiée : naguère, il fût écrit que les individus interconnectés par web ou 4G révolutionneraient le monde et bousculeraient les meilleures habitudes. Naguère on rigolait ; aujourd’hui, on ne rigole plus ! Pour le rail, habitué à la maturation lente des choses, cette concurrence interconnectée peut être redoutable, mais cela dépend néanmoins des marchés. Ceci dit, l’attrait médiatique des alternatives est à prendre avec précaution. Le co-voiturage reste encore marginal sur Bruxelles-Paris, en dépit du laisser-faire généralisé des « faux taxis à 25€ en black » (5). Thalys se porte relativement bien et Eurostar obtient une confortable part de marché sur la capitale britannique. Pas encore mort, le train ! La SNCF confirme la bonne tenue des liaisons internationales : l’Europe des frontières ouvertes, tant décriées, ferait-elle finalement mieux que le trafic national ?

On notera également que le train de proximité est peu concerné par cette concurrence, même si sur ce plan-là, les alternatives restent nombreuses, que ce soit en co-voiturage, en vélo ou tout simplement, la marche à pied. Mais avec de 2 à 5% de croissance par an, le train de proximité grossi à vue d’œil et est précisément appelé à bénéficier des investissements de demain. En France, une commande de 34 nouveaux trains Coradia Liner à Alstom pour remplacer les Corails confirme les politiques du passé : amélioré d’abord les trains. L’infrastructure ? On verra ! L’ère du tout TGV a certes vécu, le réseau classique devient, nous dit-on, une priorité nationale, mais le marché des « grandes lignes » reste en concurrence frontale avec les options alternatives, que personne ne peut démocratiquement interdire. Des alternatives que l’Etat encourage même, lorsqu’il indique vouloir « développer [ndlr par autocar] une offre de transports collectifs sur un segment de pertinence interurbain en complément du ferroviaire et avec un maillage plus fin des liaisons interurbaines, là où le train n’est pas économiquement pertinent ». La question essentielle est : comment remplir dès lors ces trains-là ?

La réponse est à trouver du côté des coûts et du service, Coradia ou pas. En Italie, le transporteur privé NTV-Italo a opté pour un business model approprié, offrant ses AGV d’Alstom à bon prix mais avec design et confort. L’entretien des rames est soumis à un contrat avec le constructeur, et centralisé dans un seul dépôt (Nola, près de Naples). Des choix politiques totalement indépendants de la politique. En France, le TGV Ouigo, au-delà de son image, c’est avant tout un nouveau concept d’exploitation : celui des hommes et celui du matériel, pour compresser les coûts. Et bien évidemment, cela fait peur en interne ! Pour l’heure, pas de copié-collé aux autres services classiques TGV. Mais demain ? Le phénomène des prix confirme la dramatique équation évoquée précédemment : le train est et reste une technologie chère. Du coup, certains s’en remettent une fois de plus à l’Etat pour éponger les déficits les yeux fermés, sans changer les méthodes de production. Pas dit que cela ramènera les clients vers le train, loin s’en faut. Une majorité paiera pour une minorité d’utilisateurs. De plus, au-delà du verbe de façade et du papier glacé, pour un politicien il y a d’autres priorités plus urgentes que le déplacement en province. Cruelle vérité…

Le Huffington Post relatait en octobre 2013 que dans les années à venir, la SNCF souhaite maîtriser l'ensemble des modes de transport utilisés par le voyageur entre son point de départ et son point d'arrivée, avec un billet commun. Il s'agit de « passer du gare à gare au domicile-destination », dit Barbara Dalibard, la DG Voyages SNCF. C’est donc avec un nouveau business model que le chemin de fer grandes lignes obtiendra son sursaut, fournissant la qualité nécessaire, la flexibilité voulue et un environnement de travail différencié. Compresser les coûts et améliorer la qualité du service et du personnel, cela implique des méthodes de production renouvelées et surtout l’obtention de l’adhésion du personnel au travers de nouvelles pratiques de management. Le futur est possible, le didactisme indispensable, encore faut-il en avoir la volonté. Histoire pour le rail de se faire « un peu moins niquer », y compris par l’Etat…







France-Barcelone : connexion standard à grande vitesse
L'analyse de Mediarail.be - Technicien signalisation
(English version can be read here)


Depuis le temps qu’on l’attendait : le service France-Barcelone « à écartement standard » est enfin devenu une réalité via la ligne nouvelle de TP Ferro et son prolongement jusqu’à la capitale catalane. L’Espagne, qui a mis le turbo en reconfigurant son chemin de fer par un réseau à grande vitesse, est maintenant raccordée à l’Europe en 1.435mm. Visite des lieux.

Epoque Talgo
Rappelons l’écartement des voies espagnoles (et portugaises) : 1.668mm au lieu du « standard » européen de 1.435mm. On se bat toujours entre historiens sur les raisons de ce choix. Le pragmatisme relève néanmoins que c’est la décision britannique de mettre fin à l’anarchie régnante dans les projets de chemins de fer du Royaume qui pourrait en être la cause. Le matériel roulant construit là-bas à écartement large dû alors être vendu...à un pays qui n’avait pas de chemin de fer à son actif avant octobre 1848. Le résultat : un transbordement obligatoire aux frontières et un isolement complet du réseau ferré ibérique avec le reste de l’Europe, faisant les beaux jours des duos de gares que sont Irun/Hendaye et Port-Bou/Cerbère. La créative société Talgo invente 100 ans plus tard un train articulé qui dès juin 1969 permet de passer d’un écartement à l’autre grâce à ses « rodadura desplazable » (RD), des roues indépendantes se clipsant automatiquement au bon écartement. Ainsi naquit la grande période des Talgo III RD présents en France sous forme du TEE Catalan-Talgo (Barcelone-Genève de 1969 à 1982, puis sous forme d’Euro-City limité à Montpellier), ainsi que des services nocturnes jusqu’aux services Elypsos de ces derniers jours, aboutissant à Paris-Austerlitz. Décembre 2013 signe la fin de cette épopée de 44 ans...(1).

Le Trans-Europ-Expess Talgo dans les années 70 : même la locomotive changeait d'écartement (photo collection Mediarail.be)

Une ligne nouvelle
L’idée est de 1992, à la grande époque du rêve du TGV européen sans frontière. La concrétisation est de 1995 avec la conviction de passer les Pyrénées autrement que via Port-Bou ou Irun. Les travaux ont réellement débutés en 2004 sur le tronçon Perpignan-Figueras, sous la forme novatrice d’un PPP. Le concessionnaire de cette partie privée, TP Ferro, formé à parts égales par la société française Eiffage et par la société espagnole ACS, a livré dans les temps en février 2009 les 44,4 km de ligne nouvelle entre Perpignan et Hostalet de Llers (Figueres), incluant le tunnel du Perthus de 8km, le tout pour environ 1 milliard €. Mais il n’y avait rien des deux côtés de cet ouvrage, si ce n’est un raccordement à la gare de Perpignan St-Charles et un projet pourtant fort avancé de LGV entre Figueras et Barcelone. Le retard pris par l’Espagne obligea son gouvernement de l’époque à indemniser TP Ferro  sans qu’aucun train ne circule et à prolonger la concession de 50 à 53 ans. Depuis le 19 décembre 2010,  à la faveur d’un petit tronçon de LGV aboutissant à Figueres-Vilafant (schéma ci-dessous), deux paires de TGVDuplex  purent enfin relier la France à l’Espagne par l’écartement standard 1435mm, et accessoirement par 25kV et ETCS 2 version 2.3.0d. Une grande première pour l’Europe du rail sans frontière, mais qui signe déjà l’éviction des deux paires de Talgo qui joignaient Montpellier, le Catalan-Talgo et le Mare-Nostrum.

La ligne nouvelle en deux parties : celle de TP Ferro (privée) et celle de l'ADIF. Avoir : les pages de l'historique de la ligne nouvelle Perpignan-Barcelone (schéma Mediarail.be)

Dotée provisoirement d’une voie à l’écartement ibérique, la gare donnait correspondance immédiate avec un Civia ralliant Barcelone par ligne classique, offrant un trajet Paris-Barcelone d’une durée d’environ 7h37 à 7h40 (photo à cette page). En janvier 2013, neuf AVE purent rallier Madrid à Figueres via Barcelone grâce à une LGV enfin terminée, se faisant cotoyer les deux matériels à grande vitesse en gare de Vilafant. L’été 2013 ventila ses rumeurs sur une prolongation des TGV Duplex jusqu’à Barcelone : techniquement, la lecture des balises allaient de soi dans un sens, mais pas dans l’autre pour les rames TGV de la SNCF. Info ou intox, c’était de toute manière sans compter avec l’inévitable marchandage politique quant à la répartition des dessertes.

La Catalogne, la RENFE, Siemens et Alstom
La Belgique n’est pas la seule à faire les frais du régionalisme communautaire. La Catalogne a envoyé ces derniers temps des signes polítiques affichant sa “différence” avec  Madrid. Avec comme mise en pratique une préférence médiatique affichée à l’égard de la SNCF française plutôt que la RENFE. Or la LGV Barcelone-Figueres est propriété de l’ADIF, le concessionnaire espagnol, sur laquelle roulent des trains de la RENFE, espagnole elle aussi  : la Catalogne n’a donc pas toutes les cartes !  A ce volet politique qui s’écarte de l’esprit européen, s’ajoute le fait que les rames S-103 engagées sur  Figueres-Madrid en janvier 2013 sont de la famille des “ICE” de Siemens, alors que les rames Duplex de la SNCF sont fatalement des Alstom. Un “arrangement” a pu être trouvé en substituant 12 rames de série S-101 pour les affecter prioritairement sur Barcelone-France. Les S-101 sont des cousines...du TGV-Atlantique d’Alstom, et douze d’entre elles furent envoyées à Belfort pour installation du KVB et de la TVM français, puis testées.

L’équilibre de la desserte
La carte ci-dessus  - visible sur la page web de la RENFE (2)  - nous indique l’équilibre suivant : aucun AVE S-101 ne monte à Paris, et aucun Duplex n’atterri à Madrid... Les deux A/R parisiens sont “compensés” par 3 A/R “Sud France” touchant Toulouse, Lyon et Marseille, cette dernière étant la seule ville connectée à Madrid. La liaison Barcelone-Lyon fait indubitablement penser au vétéran “Catalan-Talgo” qui aboutissait jadis à Genève, dont il n’est pas exclu un jour qu’un prolongement se fasse. La liaison avec Toulouse en 3h est une nouveauté dont la pérennité est soumise à interrogation : les toulousains n’ont pas la possibilité de passer la journée à Barcelone si ce n’est par correspondance.

La desserte du 15 décembre 2013 : les Duplex en rouge et tout le reste en AVE S-101 (schéma RENFE)

Girona et Figueres conservent 7 relations intérieures avec Madrid sur 9 et trois autres par correspondance à Barcelone-Sants. La RENFE et la SNCF visent plus de 1 million de voyageurs internationaux en 2014 sur ces trains. Les horaires au démarrage du service sont visibles ci-dessous : 
 
L'horaire, n° de train et matériel, au 15 décembre 2013 (compilation Mediarail.be)

Côté fret, la LGV est dotée d’un projet distinct qui démarre au nord de la capitale catalane, à Montmello, avec un contournement à voie mixte muni du 3e rail « à écartement standard » permettant de rallier, au sud, le complexe portuaire de Morrot (voir la carte à ce lien), faisant entrer Barcelone dans la cour des grands ports conteneurs connecté au réseau ferré européen.

Dommages colatéraux
Ce renouveau des relations franco-espagnoles s’accompagne de ses inévitables dommages colatéraux. A commencer par les deux Talgos nocturnes gérés par Elypsos, et qui ralliaient Paris à Madrid et Barcelone : ils ne seront plus plus qu’un souvenir et videront un peu plus une gare d’Austerlitz déjà bien appauvrie. Talgo n’est officiellement plus présent sur le sol français, ce qui tient aussi de la “première”, tant on s’y était habitué. Ensuite, l’incontournable passage par le tandem de gares Cerbère/Port-Bou n’est plus, depuis un petit temps déjà, si ce n’est peut-être pour le fret. Il faut se rappeler que la LGV Perpignan-Barcelone est une LGV mixte accessible aux trains de fret. Et les 750m de longueur utile autorisée seront très prisés par les chargeurs qui doivent se contenter, via Port-Bou, de seulement 450m. Une torpeur certaine est attendue sur la côte Vermeille....

Figueres-Vilafant  remplace Port-Bou comme porte d'entrée de la Catalogne (photo Mediarail.be)

La suite...
Elle dépendra du bon vouloir des uns et des autres:  pour le moment, la LGV venant du nord de l’Europe s’arrête à Montpellier, et n’ira pas plus loin. L’engouement du TGV est d’ailleurs tombé d’un cran et la crise a orienté la préférence politique vers le transport de proximité, très porteur électoralement. Le maillon manquant du Languedoc-Roussillon, devenu non-prioritaire, escamote le rêve d’une liaison Amsterdam-Séville intégralement “LGV”.

La seule sanction sera celle du marché, autrement dit de la fréquentation, sur un axe catalan concurrentiel à double titre : d’une part par l’expansion affichée de la SNCF à l’étranger et son ambition cachée d’y aller en solo, comme elle le fait ailleurs; d’autre part par le remodelage du concept de l’aviation low-cost qui ne se contentera plus des aéroports de province (3). Les Paris-Barcelone en TGV devront donc afficher des tarifs bien  inférieurs à 70€ s’ils veulent rester dans la course, handicapée par la lenteur sur ligne classique entre Montpellier et Perpignan. A suivre....


(1) A lire (en espagnol) : les Talgos
(2) Le site de la RENFE
(3) La récente tactique de Ryannair de s’implanter à Bruxelles-National augure d’un repo-sitionnement vers les grands aéroports, valable dans toute l’Europe....



La SNCF demain, l'Europe à minima

L’analyse de Mediarail.be - Technicien signalisation (mise à jour 1er juillet 2013)
D'autres infos, en français et en anglais, sur la page facebook de Mediarail.be 
Sans surprise. C’est ce que l’on peut titrer de la remise - ce lundi 22 avril 2013 par Jean-Louis Bianco - d’un rapport sur le réaménagement de la gouvernance du rail français. Il ne fait que confirmer ce qui était déjà inscrit dans les astres depuis les Assises ferroviaires de l’automne 2011 : un retour à la société intégrée chargée de rassurer avant tout les cheminots. A décharge, ce rapport s’inscrit aussi dans le cadre de la réparation d’une très mauvaise idée qui fut, non pas d’envisager un gestionnaire d’infrastructure en tant que tel, mais d’obliger ce dernier à déléguer tous ses travaux de voies à la seule SNCF. Il colle au millimètre près à la nouvelle majorité présidentielle choisie par les français en mai 2012, et qui entend mettre au pas une Europe très mal jugée au sein de l'Hexagone. Rien de très neuf sur ce plan.

Quel objectif ?
Comme déjà énoncé lors de deux billets précédents (1), la France ne peut se défaire de l’idée de grandeur de son appareil d’état, c’est dans ses gènes, et nous dirons qu'elle n'est pas la seule à ressentir "la fibre nationale". Il n’était donc pas pensable de dépecer la SNCF pour n’en faire qu’un simple transporteur. Reste que Bruxelles a les capacités juridiques de sermonner les Etats membres  qui ne transposent pas – ou mal – les directives européennes dûment votées par le Parlement Européen. C’est donc par le biais de vastes contorsions sémantiques que l’on arrive à la fois à revenir à l’ancien système tout en sauvegardant la face en ne reniant pas les principes de base énoncés par la Commission. Tout un programme, et c’est le sens du rapport présenté ces jours-ci.

A l'avenir, les collectivités locales devront faire des offres européennes. En se passant de la SNCF ? (ph Bindonlane)


Le rappel d’un tel remue-ménage
La gouvernance ferroviaire est décidément le sujet de 2012-2013 et on peut s’étonner qu’il s’agisse là d’une priorité alors que la mobilité et le développement durable occupent tout l’espace médiatique. La célèbre directive 91/440 - munies d’un arsenal d’obligations complémentaires - aurait dû suffire à elle seule à revitaliser un chemin de fer en chute libre dans les parts de marché du transport terrestre européen. En participant à des petites structures en filiales, mieux adaptées au particularisme du fret et à la segmentation des marchés, en construisant des sillons libres sans remettre en cause ceux utilisés par le service public, le chemin de fer intégré et unitaire aurait pu recouvrer une meilleure santé et un dynamisme nouveau, ce que fît la Suisse.

Las, pour tous les Etats membres, cette configuration menait tout droit à l’affrontement idéologique, car ce n’est rien d’autre que cela. Par conception en effet, le chemin de fer reste un sujet sensible aux troubles idéologiques et très facilement paralysable. Il est prisonnier d’un imaginaire collectif qui veut qu’il soit le transport des petites gens, procurant des emplois peu qualifiés pour les petites gens. Raison pour laquelle il reste sous surveillance étatique rapprochée, à l’inverse d’autres industries de réseau telles les télécommunications ou l'énergie qui se sont habitués à une ambiance plus ouverte, plus internationale (2). Le rail a de plus le désavantage d’engendrer des coûts d’exploitation que n’égalisent pas ses recettes, tandis que les autres transports à énergie fossile rapportent des taxes. Un cruel constat qui n'a pas échappé aux parlementaires qui gèrent les deniers publics. En dehors d’une volonté de remettre le chemin de fer à une meilleure place dans le monde des transports, les arguments de défense du rail tournent inlassablement autour de la défense de l’emploi statutaire, sensé garantir une qualité de service bien meilleure qu’un travailleur contractuel. La justification d'une telle discrimination est encouragée par les syndicats, faisant juste valoir qu'un travailleur contractuel engendrerait des problèmes de sécurité. Toujours est-il que ce discours d'immobilisme affirmant que les recettes d’hier feront les meilleurs plats de demain, nous indique un basculement assez inédit du conservatisme, que l’on croyait à droite…

L'Europe et ses directives n'enchantent pas les souverainistes ferroviaires (ph Sébastien Bertrand)


Une revitalisation culturelle
En voulant mettre de l’ordre dans les chemins de fer, l’Europe voulait faire coup double : détacher un tant soi peu ces mastodontes de la sphère étatique pour en faire un marché (3) et l’englober dans une politique des transports en vue d’un hypothétique transfert modal (4). Croyant que cela irait de soi, la Commission dû faire face à de nombreuses réticences et dû mettre en place un des plus gros arsenaux législatifs qu’ait eu à connaître le monde des transports terrestres (5). Une timide revitalisation fut dès lors constatée mais elle demeure de nos jours très inégale d’un Etat-membre à l’autre (6). Outre diverses interprétations juridiques des directives de la Commission, il faut y ajouter surtout la mosaïque culturelle – et donc politique – que représente notre beau continent (7).

La France en trois EPIC
On se rappellera que sur base d’une décision de la Cour de Justice, la Commission fût rappelée à l’ordre et ne pouvait pas tel quel s’opposer à une structure en holding en dépit du risque avéré de collusion entre l’infra et le transporteur national. Un temps embarquée dans ce combat idéologique anti-Bruxelles, la France s’est discrètement éloignée de l’enthousiasme pour le concept allemand en constatant que les fondations du rail outre-Rhin restaient imbuvables aux yeux des syndicats hexagonaux. La solution pour dompter la rue ? Une structure étatique constituée de deux entités chapeautées par une troisième regroupant les ressources humaines, afin de garantir le statut. Surprise : il s’agit de la même structure mise en place en 2005 en Belgique et qu’il a fallu modifier après le constat navrant que ce furent les deux filiales qui contrôlaient la maison-mère. En France, personne ne fait mystère que ces contorsions sémantiques visent à rassurer Bruxelles tout en restaurant le retour SNCF. Un appel pluri-disciplinaire fût, à ce titre, adressé en juin 2013 au Président de la République, craignant le retour d'une SNCF surpuissante et monopolistique (7). Reste l’épineuse question de la dette.

Retour à la case départ (ph Zigazou76)


La grande question de l'argent
Important, la finance ? Et comment, c’est même un point crucial. L’ombre de la dette a survolé tout le débat, non sans raison. Collée à RFF à hauteur de 33 milliards € (prévu fin 2013), le gestionnaire doit continuer de lever chaque année une somme de 5 milliards € l’amenant à solliciter régulièrement les investisseurs. En clair, la dette est  - comme toutes les autres - surveillée par les marchés financiers. Il ne fait guère de doute que ceux-ci surveillent de très près l’évolution de la gouvernance et l’ambiance actuelle crée une incertitude sur les taux d’intérêts, très malsaine pour les finances publiques. Côté politique, la question des milliards en contributions publiques, par rapport aux bénéfices sociaux escomptés, pose des interrogations dans les milieux parlementaires. Or ce sont ces derniers qui votent les budgets, tant en régional qu’en national. Qu’auront-ils comme arguments en faveurs du rail si ce n’est la pression syndicale ? La Suisse a montré qu’un service ferroviaire dont le réseau reste ouvert à une forme contenue de concurrence fret ne remettait pas en cause le transport public, bien du contraire. L’Europe d’ailleurs n’entend pas réduire ledit service public mais voudrait le voir exploiter à coûts moindres, sans sombrer dans le dumping social. En Allemagne, c'est une agence gouvernementale qui prend en charge les 17% de surcoût du statut des agents d'Etat ! Il existe donc plusieurs solutions pour tenter de remettre le train sur les rails, mais ce sont les têtes qui doivent bouger. Et pour le moment, c’est le conservatisme qui fait figure d’avenir.

Une Europe ferroviaire allemande ?
En définitive, il est acquit qu'en l'absence d'Europe fédérale dont personne ne veut (8), la gouvernance du rail va devoir s'accorder avec chacune des architectures institutionnelles nationales. La réforme française s'accorde donc bien sur celle de l'Hexagone. Si on veut réellement de l'Europe, il faut dès lors une cohabitation de systèmes organisés autour d'idéologies différentes avec une mise en réseaux interconnectés, à condition bien-sûr que les flux soient libres de circulation, donc avec frontières ouvertes mais régulées. Bien entendu, le document de Jean-Louis Bianco n'est qu'un rapport et rien n’est coulé dans le béton au niveau législatif. Après les élections européennes de 2014, d’autres soubresauts seront à prévoir parmi lesquels une Allemagne qui veillera au grain : elle ne fait plus mystère de sa politique de conquête et entend percer toutes les murailles existantes, françaises incluses. L'Allemagne serait-elle l'Europe ferroviaire de demain ? La bataille continue...

(1) A relire : RFF – SNCF, qui décide du rail en France ? et SNCF-RFF : marche arrière gauche, toute ! 

(2) A relire : Le chemin de fer, cette "chose" nationale

(3) A relire : l’exemple britannique, marché le plus ouvert de la planète

(4) A relire : le train en mode survie (2013)

(5) Le résumé de cette législation se trouve à ces pages

(6) A relire : Open accès 2012


(7) A lire : l'appel des professionnels sur www.mobilicites.com

(8) Un article de circonstance, hors du rail : Que les pro-européens lèvent le doigt !

 


SNCF-RFF : marche arrière gauche, toute !



L'analyse de Mediarail.be 
Une logique bien de gauche
Pouvait-on espérer autre chose après le 06 mai 2012 ? Certainement pas depuis qu’une petite moitié des français avaient demandé le changement. Le voici donc sous forme de refonte du paysage institutionnel ferroviaire : la SNCF, icône nationale, absorbera sous une forme ou sous une autre Réseau Ferré de France.  Ce n’est pas ce que voulait Hubert du Mesnil, désormais remplacé, et c’est ce que voulaient Guillaume Pépy, toujours en place, lui, et très en grâce en ce moment à l’Elysée.

Que sera cette aube nouvelle ? En résumé, la mise en place d’un « Gestionnaire d'Infrastructure Unifié » (GIU) qui chapeauterait 50.000 cheminots de SNCF-Infra, de la DCF (Direction des Circulations Ferroviaires) et de RFF. Le tout SOUS la coupe de la SNCF qui est la grande gagnante de cette réforme et retrouve sa place d’incontestable patronne du rail. Pour tout dire, un retour au chemin de fer à l’ancienne,  sensé redynamiser le rail et garantir des milliers d’emplois publics. Le contribuable appréciera…

Une organisation faite pour échouer
C’est en 1997, sous Juppé, que fut mise en place l’actuelle structure ferroviaire française « à deux ». Dès le départ, ce fut une organisation faite pour échouer. RFF, conçue sans moyens mais dotée de la dette, devait obligatoirement faire appel à la seule SNCF pour l’entretien du réseau, comme l’exigeait son ministre de l’époque J-C Gayssot. Le transporteur – intouchable - restait de facto juge et partie. Mais surtout, la France sauvegardait ainsi une SNCF allégée de sa dette abyssale et sortie du giron de l’Etat, permettant de présenter à l’Europe un bilan convenable en adéquation avec sa très stricte politique en matière de subventions publiques. Un écran de fumée destiné à masquer la réalité : celle d’Etat refusant de reprendre toute la dette à son compte, le contraire de ce que fit l’Allemagne en 1994 qui devait, en plus, avaler l’ancienne RDA. Les Assises Ferroviaires de l'automne 2011, sous l'ère Sarkosy, avaient bien mis en évidence la problématique des chevauchements et les relations exécrables qui coexistaient dans la structure bicéphale française et demandaient un remède de taille.

La peur syndicale
C’est peu dire que la peur syndicale a joué. Les français l’avaient clairement exprimé le 06 mai 2012 en dépit de leurs critiques acerbes envers la vieille dame SNCF. Au sein de l’entreprise, CFDT et CGT sont majoritaires et restent à la fois les gardiens de l’orthodoxie du statut et les fers de lance de la contestation. Le choix du gouvernement Ayrault est donc en parfaite adéquation idéologique et rassure la famille cheminote qui voit fondre l’importance de « sa » vision ferroviaire au sein de l’Europe. Un choix galvanisé par le lobbying du patron du rail qui n’a pas hésité à faire capoter une convention collective que s’apprêtaient à signer les opérateurs privés du fret, histoire de se mettre du bon côté de la rive. On s’achemine ici clairement à ce qui fut fait avec GDF et EDF où la concurrence, et donc les prix, n’ont guère bougé pour «l’usager » qui reste une bonne vache à traire. Les 30% d’écart avec la concurrence sont-ils dus au dumping social ou à l’organisation statutaire (1) ? Eternelle bataille idéologique…

Contorsions juridiques
Début novembre, un flou était encore savamment entretenu sur la nature juridique exacte du nouveau GIU, une volonté, louable, de contenir les humeurs des uns et des autres. On y parle de groupe « pivot » chapeautant un ensemble. Tout cela restant très éloigné des concepts germaniques où la holding dispose du statut de société anonyme détenue par l’Etat, et où les cheminots nouvellement engagés le sont avec un statut de contractuel. Toujours est-il que devant différents médias, Frédéric Cuvillier a dit être attentif à cette nature juridique. Car la question de la dette revient de facto à la surface étant donné que, dans un dispositif réunifié, il y a un risque très clair de requalification en « dette d’Etat », ce qui serait une distorsion au droit européen. Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, on sait déjà que Standard & Poor’s suit le dossier de la dette ferroviaire avec son œil de lynx….

Concernant les nouveaux opérateurs ferroviaires, déjà présents ou à venir, le ministre saupoudre des assurances en veillant « à ce que toutes les garanties soient données pour que tout nouvel opérateur ait, au moment où la concurrence sera ouverte pour les transport de voyageurs en France, un libre accès au réseau ferroviaire ». Ce qui n’a absolument pas rassuré l’ERFA, l’association européenne regroupant les opérateurs de fret ferroviaire, qui s’est fendue d’une lettre sévère écrite au commissaire européen Siim Kallas s’inquiétant du fait que « nous ne savons pas comment les nouveaux entrants pourront survivre dans un système totalement contrôlé par la SNCF». Pour François Coart, le président de l’ERFA, cette réforme signifie « la fin de la libéralisation » en France. Lord Tony Berkeley, président du Rail Freight Group a,  dans un courrier du 2 novembre adressé au président José Manuel Barroso, déploré la même chose en dénonçant le fait que (sic) « (…) ce nouvel arrangement annihilera toute concurrence et assurera que la SNCF occupe une position de monopole jusqu'à ce qu'elle éradique complètement le fret ferroviaire ».

La crainte d’un verrouillage du marché n’est pas une fable puisqu’elle fut récemment confortée avec ce jugement, français celui-là, qui donna gain de cause à ECR (filiale de la DBAG) pour une plainte contre la SNCF (voir par ailleurs). Pour tempérer ces batailles, le ministre annonce un énième comité de surveillance chargé s’il le faut d’une mission de conciliation. On sait par avance ce qu’il advient de ce genre de paravent. Ces contorsions politico-juridiques ne font pas illusions et nul doute que les pays voisins ne vont pas en rester là.

Est-ce si grave ?
On peut dire oui pour l’Europe et pour la France qui tourne clairement le dos à toute réforme ferroviaire. Après une dizaine de plan « fret », la désertification – déjà réelle en industrie - se poursuit inexorablement. Le TGV, champion multi-médaillé de la SNCF durant ces trente dernières années, a écarté le fret et les TET, TER et autres franciliens vivotent tant qu’ils peuvent, certains mieux que d’autres. Enfin, il y a cette hypocrisie latente : la France sait fort bien ce qu’il faut faire pour redynamiser son chemin de fer.  Elle vilipende l’idéologie supposée de Bruxelles mais s’aplati sous celle de la CGT, un syndicat communiste qui est le véritable organisateur du rail français. Reste à savoir si usagers et industriels, qui disposent toujours du choix modal, accepteront de payer plus cher pour garantir un service public à la française, alors qu’explose le trafic autoroutier à bas prix, contre lequel on ne peut pas grand chose. Bruxelles ou la CGT, la différence se fera dans le prix du ticket…et de la feuille d’impôt !

On peut aussi dire non, ce n’est pas grave. Car rien ne dit que le ministre Cuvillier n’a pas derrière la tête une idée juridique en conformité avec Bruxelles, histoire de faire passer la pilule en douce. La porte-parole de Siim Kallas précisait sur ce point (sic) « qu’il n’était pas du tout sûr que les propositions soient en contradiction »  avec les projets de la Commission. Il y a peut-être aussi ce slalom politique bien connu qui consiste à bomber le torse pour ensuite arrondir les angles et focaliser les critiques sur le dos de Bruxelles en fin d'année.
On peut encore dire non, ce n’est pas grave car depuis longtemps, la France n’est plus le pays de transit favoris des chargeurs, si ce n’est vers l’Espagne ou la Grande-Bretagne et ce, … par autoroutes ! Pire : en matière économique, la fameuse « banane bleue » contourne l’Hexagone par le Nord et l’Est. Du coup, c’est la rive droite du Rhin et toute l’Europe Centrale et Alpine qui demeurent de véritables autoroutes ferroviaires, où une myriade d’entreprises – de Manchester à Milan - se disputent un juteux marché, procurant des emplois par milliers et de commodes bénéfices utiles à l’investissement de masse, notamment dans les terminaux rail-route et les locomotives dernier cri. Comment cela est-il possible ? Parce que la volonté d’ouvrir le marché du fret aux privés fut réelle et même encouragée, comme en Suisse et toute une moitié Nord de l’Europe. Vous avez dit Europe des cultures ? Les pro-rails se désoleront  en tout cas d’un isolement ferroviaire de l’hexagone mais dès l’instant où tout un peuple fait un choix idéologique, la démocratie impose de le respecter.

L'Europe continue
Et on dira encore une fois que ce n'est pas si grave car de toute manière l'Europe avance. Le Conseil des Ministres des Transports du 29 octobre 2012 a entériné une « refonte » du premier paquet ferroviaire, qui porte sur le pouvoir des organismes nationaux de contrôle et l’accès de la concurrence aux services annexes (dépôts et autres...). Ce texte, qui avait déjà fait l'objet d'une première lecture le 03 juillet dernier, devrait être voté en novembre par le Parlement européen. Avant la grande finale du quatrième paquet. Dans ces conditions, le choix de la structure juridique française sera prépondérant et indiquera si la France veut ou non plus d'Europe. Quant aux différentes formules de structure (intégration, séparation, filiales, holding), il n'y a pas a proprement parlé de religion toute faite mais ce sont les résultats qui comptent, quelque soit l'environnement culturel ou social d'un Etat.

Conclusions provisoires
La France avait besoin de réforme car le système  de 1997 ne fonctionnait pas et procurait un tas de doublons incontestés. Mais un retour en arrière signifie le retour aux erreurs passées. Le fret n’est plus l’ombre que de lui-même et le système TGV a donné son maximum. En quoi les vieilles recettes des années 80-90 feraient-elles mieux aujourd’hui ?

Au niveau de l’Union, c’est aux dirigeants des Etats à vouloir – ou refuser – plus d’Europe et d’harmonisation. Le chemin de fer est le seul transport mécanisé qui reste en dehors du temps qui tourne, alors que l’ensemble des autres transports ont déjà entamé leur mutation (2). A tel point que Siim Kallas déclarait en septembre lors d’une réunion que « nous stagnons au XIX siècle ». L’intégration tant vantée est – en cette période de crise – très largement remise en cause et conduit même au repli sur soi avec la bénédiction funeste de plusieurs grands formats de la politique, et pas seulement français, rendons leurs cette justice. En atteste ce commentaire du ministre Cuvillier qu’un autre européen aurait pu parfaitement tenir « La France considère que l’Union européenne, si elle peut fixer des obligations de résultat concernant la gouvernance et l’organisation du secteur, doit laisser aux Etats membres le soin de déterminer la façon la plus appropriée d’édifier un système efficace, équilibré et garantissant des conditions d’accès aux réseaux transparentes et non discriminatoires ». Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen et députée écologiste, embrayait dans le même sens en déclarant que « je suis partisane de l'intégration européenne, mais nous devons conserver une certaine flexibilité dans les États membres. Ne nous dirigeons pas vers un modèle unique. »  Des discours clairs confirmant l’acceptation d’une Europe multi-vitesse et entérinant le fait que la mission de l’Etat est bel et bien de protéger ses champions nationaux et ses cultures politiques. Dans cette optique, la revitalisation du rail est un leurre et l’Europe sociale un rêve de poètes : ce ne sera pas pour demain, ce sera pour jamais. Marche arrière, toute…

(1) En Allemagne, depuis longtemps, les conducteurs fret détèlent eux-mêmes leur train. Sur le plan institutionnel, les cheminots statutaires de la SNCF relèvent du statut fixé par une loi de 1940 (régime spécial de retraite et de prévoyance, avancement de carrière type).
(2) Isabelle Durant, vice-présidente du Parlement européen et eurodéputée belge écologiste, a qualifié certaines compagnies de chemins de fer nationales d'« États dans l'État, d’énormes bureaucraties peu réceptives au changement et insuffisamment soumises aux pressions du marché ». On a du mal alors à comprendre sa position de regroupement dans le cas belge, car c'était précisemment son grief !

A lire le document de presse de la réorme du ministre Cuvillier
A lire ce document de 2011 du Parlement Européen sur les bienfaits ou non de l'intégration verticale

 

Les camions sur le train : origines et perspectives

L’analyse de Mediarail.be - Technicien signalisation 
Quelle rengaine depuis des lustres : "quand va-t-on mettre tous ces camions sur le train ? " s'écrie le bon peuple. Pourtant cela existe depuis longtemps, mais ca parait tellement confidentiel que personne ne voit quoique ce soit. Et ce ne sont pas les autoroutes et autres ring embouteillés quotidiennement qui démontreront le contraire ! Petit tour d'horizon.

Deux marchés bien différents
La technique qui consiste à transposer une boîte ou un camion sur un wagon a comme souvent une origine militaire. C'est dans les années 50 que des camions commencent à embarquer sur des wagons plats. En fait il s'agit surtout des remorques de camions, le "tracteur" restant à quai. De l'autre côté de l'Atlantique, à la même époque, un agriculteur-camionneur se désespère de devoir attendre, au port, une journée entière pour ses livraisons de coton alors que des dizaines de dockers embarquent main à la main des marchandises par petite quantité. L'ingénieux bonhomme imaginera alors de faire embarquer d'une traite tout le contenu de son camion à bord : le conteneur était né. Caisses maritimes d'un côté, camions de l'autre, d'emblée deux techniques s'élaborent en parallèle, avec leurs normes et leur marché. Les camions sur le train est ce qu'on appelle le transport combiné. L'un est plus typiquement du monde routier, l'autre tient davantage du monde maritime.

Le transport combiné
C'est le monde des routiers. Rien à voir avec le maritime, ses milliards et ses navires géants. Ici, des chargeurs routiers louent des places ou gèrent carrément leur propre train complet via une société ad-hoc. Ils recherchent fiabilité et petits prix. Mais pas question de conduire les locomotives : pendant longtemps, cette tâche fut le monopole garanti du service public. Si les origines de la technique remontent parfois même avant la guerre, c'est surtout dans les années 50-60 que des camions prennent le train. Il faut dire que le réseau autoroutier est peu développé, que les aires de chalandises ont un rayon d'action moindre et que l'économie n'est pas encore à l'hyperspécialisation des usines. 

Hier, à chacun son gâteau
D'emblée, deux marchés s'affirment avec leurs règles et surtout, leurs tarifs. Les chemins de fer différencient très nettement les camions des conteneurs. De plus, le transport routier est fortement contingenté, réglementé et soumis à la douane. L'Europe est encore absente des législations, le monopole ferroviaire est toujours garanti comme au bon vieux temps. Résultats : chaque pays à "sa" compagnie de transport combiné et "sa" société de transport containers. Cela donne dans l'ordre : Novatrans / CNC en France, TRW / Interferry en Belgique, Kombiverkehr / Transfracht en Allemagne, etc. Dans certains autres pays, la compagnie de containers n'est autre...que le chemin de fer d'Etat lui-même. La fixation des prix et l'organisation du transport sont ceux du service public, rarement en adéquation avec le marché.


Un conteneur ou une caisse mobile ? (photo Chatama via Wikipedia)
Les sociétés rail-route de chaque pays collaborèrent dès 1970 à l'UIRR, association toujours présente de nos jours. Une bataille homérique par brochures interposées eut lieu dans les années 80 lorsqu'Intercontainer, l'autre association regroupant les "containeristes", fut accusée de transporter des caisses mobiles, chasse gardée de l'UIRR et des routiers. La caisse mobile se distingue en effet du conteneur par différents aspects, notamment qu'elle est non-empilable et que ses dimensions (pour les plus longues) sont celles des semi-remorques européennes. De plus, ces caisses étant bâchées pour la plupart, elle ne peuvent être levée que par des pinces au niveau bas de la caisse, comme le montre les deux photos ci-dessous, ce qui accroit les coûts d'acquisition. L'industrie chimique utilise beaucoup les caisses mobiles citerne - ou les conteneurs citerne, c'est selon (photo ci-dessus), d'où une bataille sémantico-juridique car, comme indiqué plus haut, la tarification différait entre le conteneur et la remorque routière. Et dès l'instant où il y avait des gros sous en jeu...

Préhension par pinces par reach stacker (photo bauforum24.biz)
Cette guerre des caisses avait déjà eu un avant goût de par la conception des chantiers de transbordement, nécessitant voies en longueur, surface de stockage et grue(s). En France, le dogme du chacun pour soi avait poussé la logique à l'extrême en dotant certaines villes de deux chantiers distincts : l'un pour les containers (CNC), l'autre pour les camions (Novatrans)! En Allemagne, aux Pays-Bas et dans d'autres pays, un seul chantier assurait les deux "marchés". Les mentalités différaient aussi d'un pays à l'autre concernant ce même transbordement. Alors que l'allemand Kombiverkehr estimait que cela incombait aux chemins de fer, la CEMAT italienne en faisait son activité principale. A cela s'ajoute encore la propriété et le coût des wagons, le transport de remorques routières demandant des wagons dotés d'une poche entre les bogies - donc plus chers - où viennent se caler les roues de la remorque, qui se retrouvent ainsi à environ 40cm au-dessus des rails. Tout ce qui précède pourrait donner l'impression d'une grande lourdeur dans cette technique de transport. C'était un peu le cas.

Aujourd'hui et demain
Le contexte socio-économique des années 80 a entraîné une vague anti-keynésienne débouchant sur des politiques de libéralisation de vastes secteurs très réglementés. Les mondes routier, aérien et maritime furent les premiers à être libéré des lourdes contraintes qui pesaient sur l'exploitation. Le chemin de fer fut en revanche un secteur extrêmement imperméable à l'ambiance extérieure. Pour preuve, cette surestimation de l'Europe qui, avec sa première directive 91/440, pensait libérer le transport combiné international de manière quasi naturelle. Et rien ne se passa ! Pourtant, des progressions importantes était enregistrées dans le transport combiné jusqu'à la crise de 2008 où l'économie dicta drastiquement une baisse de régime. Le citoyen constate, lui, que les autoroutes demeurent plus encombrées que l'année précédente. Alors, que se passe-t-il ? Le transport combiné ne serait-il qu'une solution marginale ?

Un environnement peu favorable ?
Chargement à l'aide d'un reach stacker (photo TrucknetUK)
On ne reviendra pas sur un aspect crucial : le réseau d'industries est dense, mais dispersé. L'économie d'aujourd'hui spécialise les usines et joue sur les flux tendus, parfois à l'heure près comme dans l'industrie automobile (voir notre chronique sur ce sujet). Spécialisation, sites multiples, va-et-vient incessant entre usines, tout cela nous mène à la notion de rapidité. Et là, le transport combiné répond absent : du fait du transbordement vertical par grue spéciale, il faut amener sa remorque 2 à 3 heures à l'avance, puis la charger sur le train, faire rouler le train, puis décharger et enfin venir reprendre sa remorque. Tout cela coûte des heures. Et lorsqu'il y a grêves, ce sont des jours de retards que l'on doit compter. Alors, devant ce taux de fiabilité si faible, beaucoup de logisticiens ont préféré renoncer et conserver leur indépendance face aux aléas.

Là-dessus se greffe la notion de distance : 500 à 600 kilomètres minimum pour que "l'effet des heures de chargement" s'estompe. En effet, les logisticiens qui sont moins dans l'urgence et qui peuvent se satisfaire d'un transport jour A-jour B rencontreront au transport combiné une réponse à leur besoin. Dans les petits pays comme le Benelux ou la Suisse, le camionnage moyen n'excède pas les 40 à 80 km par trajet, ce qui met le chemin de fer hors-jeu. Et quid des trajets multiples, lorsqu'il faut déposer une palette par-ci, deux autres par là, le tout en une journée....

Mais il faut en core compter sur deux réticences. La première vient des petits routiers indépendants qui n'ont pour seules tartines que leur camion. Ceux-là ne veulent pas voir leur remorque s'en aller sans eux, par méfiance. La seconde réticence est encore plus pernicieuse : il y a des clients industriels qui ordonnent à leur logisticien des taux de fiabilité très élevés et qui leur interdisent d'utiliser le train ! 
L'illusion législative
Le combiné fonctionne bien en Allemagne (photo CC Greg92_09)
L'Europe, fort soucieuse parait-il de revitaliser le rail tente toujours de redresser le secteur ferroviaire à coup de paquets législatifs. Il y en a déjà eu trois et un quatrième s'apprête à être ficellé fin 2012. C'est que l'écologie n'est plus un vain mot en ces temps où la pollution se calcule en dégât sur la santé et la sécurité. Des séminaires par dizaines, des rapports universitaires ou parlementaires par tonnes sont fournis chaque année. Sur le terrain, des entreprises ferroviaires privées se sont ruées dans la niche du transport combiné avec plus ou moins de succès, surtout en Europe du Nord. Mais rien n'y fait, les encombrements sont à la hausse permanente. Cela montre qu'une overdose législative ne peut rien contre les habitudes industrielles où chaque euro pèse pour la compétitivité des entreprises. Plus grave : les industriels veulent un chemin de fer dont l'image est l'exact contraire de ce que réclament les cheminots. Blocage...

Le pessimisme serait-il le mot de la fin ? Peut-être pas si tout une série de détails pouvait trouver une solution. Parmi ces détails, citons l'allocation des sillons qui doit impérativement évoluer vers un "beaucoup mieux" et éviter qu'un monopole quelconque, public ou privé, n'en achète la totalité dans l'unique but de contrer les nouveaux entrants (1). Dans d'autres cas, c'est surtout d'argent dont le rail a besoin. Or là, on sait que le privé a plus de facultés à obtenir des emprunts qu'un Etat qui pratique la subvention et doit arbitrer des demandes politiques. Pour autant, il n'y a pas de religion toute faite entre l'une ou l'autre formule : privé ou public, rien ne peut fonctionner sans règles claires, précises et appliquées. Or seul l'Etat est en mesure d'édicter les règles, et c'est à lui de mettre de l'ordre dans la fourmillère ferroviaire où l'on constate encore, aujourd'hui, que tout est permis. Alors, à quand 5 minutes de courage idéologique ?

(1) Voir ce récent épisode entre ECR et la SNCF


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