L’analyse de Mediarail.be - Technicien signalisation
A voir aussi : Le nouveau Fyra
A voir encore : Fyra arrive à Bruxelles en décembre 2012
Le train « Benelux » circule depuis 1957. Il fut renouvelé en
1986-88 par de nouvelles locomotives série 11 SNCB et des voitures IC-III des
NS, ici à Roosendaal (photo Mauritsvinkvia Wikipedia)
Dans la pratique, les voitures étaient
fournies par les NS et la traction par la SNCB avec notre série 11 (photo
ci-contre), la conduite étant interchangée selon le cas à Roosendaal ou
carrément à Bruxelles. C’est ce train qui passera à la trappe dès l’arrivée de
Fyra car il est exclus de doubler ces deux services au vu des trafics actuels.
Des TRAXX FMS-140 au logo Fyra ont un moment fréquenté Bruxelles, avant
d’être remplacées par des TRAXX série 28 de la SNCB (photoJustin Buckley via Wikipedia)
Les
associations Rover et TreinTramBus bataillent ainsi depuis 2011 sur le maintien
du Benelux actuel et fustigent le futur Fyra sans encore l’avoir emprunté. Des
craintes sont émises sur les tarifs, sur la non-desserte de Roosendaal et Dordrecht,
mais surtout sur l’obligation de réserver. Ce dernier point suscite la critique
généralisée des partis de gauche, en particulier de Groen, qui voient dans la
réservation une sorte de « train chic » pour une clientèle donnée
mais surtout une entorse au « train pour tous en libre accès ».
Est-ce à dire que le train Benelux était réservé aux « publics non chics » ?
La polémique des réservations obligatoires n’est pas propre au nord du pays et
se retrouve partout sur le réseau ferroviaire européen. En marge à la mise en
service du Fyra, des critiques peuvent aussi être émises en réponse aux tenants du train libre accès.
Enumération :
1) Il fut
souvent constaté de grosses foules lors de périodes de pointe et des gens devaient
voyager debout faute de place. Or on ne rallonge pas un train un beau matin
parce que 500 personnes ont « librement » décidé de se déplacer le
même jour, dans le même train ! La réservation obligatoire permet ainsi de
mesurer, de contenir et de prévoir une éventuelle foule et de dédoubler à l’avance
une composition de train car aux chemins de fer, il faut prévoir, pas
improviser.
2) Les
tenants du train « libre accès » sont les premiers à réclamer
l’égalité de traitement pour tous. Or que dire de l’équité sociale dès
l’instant où dans le cadre d’un accès libre, les premiers arrivés seront les
premiers servis en places assises et…tant pis pour les autres. Cela revient à
punir le voyageur prévoyant et discipliné qui aurait sagement réservé un mois à
l’avance.
3) Il est
piquant de constater que ce même public n’étaye aucune critique à l’égard des
concerts rock ou du secteur aérien, autrement plus sévère que le rail en ce qui
concerne les réservations obligatoires et les fortes limitations au volume des
bagages. Faut-il croire que petit prix low-cost rend acceptable les contraintes
les plus fortes ? Il y aurait donc deux poids deux mesures.
4) La
tarification différenciée en fonction de la date de réservation est une
pratique indiscutée du monde aérien, à commencer par Ryannair et Easy Jet. Ces
« low-cost » peuvent parfois quémander 300 euros l’aller-simple si on
désire bénéficier de leur service en dernière minute. On peut dès lors trouver
suspect les critiques émises sur le même système – bien moins cher - pratiqué
aux chemins de fer dès l’instant où celui qui réserve a forcément droit à sa
place, ce qui n’est que justice mais agacerait curieusement certains.
5) Enfin, et
ce n’est pas une nouveauté, la gestion en coopérative d’un service de train au
niveau international permet de passer outre la fameuse barrière tarifaire
nationale. En effet, les lois du commerce au niveau ferroviaire ne permettent
de vendre des tickets que de gare à gare. Il y a donc toujours un hiatus entre
deux gares frontières, « non couvert » par aucune politique
commerciale (Go-Pass et assimilé). C’est la raison d’être de la formelle convention
CIV (1) qui régit les transports internationaux en dépit de l’Europe sans
frontières, et qui s’applique de manière abrupte au train Benelux avec des
tarifs passe-frontière particulièrement anti-commerciaux. Les sociétés
coopératives (scrl en droit belge) permettent de transcender ce problème et de
promouvoir des tarifs à la fois en rapport avec le prix de revient et avec
l’attractivité du marché, comme le fait n’importe quel transporteur.
Concues par Ansaldo Breda, les nouvelles rames Fyra peuvent atteindre
250 km/h. Une rame ici en test de passage à Vught (NL) (photoMauritsvink via Wikipedia)
S’il y
aurait des critiques, c’est avant tout à l’égard de l’immense retard accumulé
par Ansaldo Breda, le constructeur des nouvelles rames, dont quatre exemplaires
vont garnir le parc de la SNCB. Nul doute qu’une fois mis en place, le Fyra
aura ses supporters tout comme il pourra, au fil des ans, s’adapter aux lois de
la demande. Mais il faut toujours quelques années pour parvenir à l’optimum.
Vos
commentaires sur mediarail@hotmail.com
1) Le rôle le plus important de cet organisme est d'établir un régime de
droit uniforme applicable aux transports des voyageurs et des bagages en trafic
international directe entre les Etats membres empruntant des lignes
ferroviaires ainsi que de faciliter l'exécution et le développement de ce
régime. (voir ici pour les détails
juridiques)
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