Pollution de l'air : lutte efficace ou douce rêverie ?

L'analyse de Mediarail.be - Technicien signalisation

Le regain de pollution et les pics constatés ces derniers jours à cause d'une météo providentielle ont remis en selle les traditionnelles mesures de gratuité des transports publics et de baisse des vitesses. Efficace ?

Pollution
Quatre polluants atmosphériques sont particulièrement mesurés en raison de leur dangerosité pour la santé. Il s'agit des particules fines (PM10 et PM2,5), du dioxyde d'azote (NO2), du monoxyde de carbone (CO) et l'ozone (O3). Lors de l'atteinte de certains seuils, des mesures peuvent être prises par les pouvoirs publics selon des critères prédéfinis au sein d'un ensemble législatif. Problème : ce dernier est très variable d'une région à l'autre, et d'un pays à l'autre. Il tient compte de nombreux critères à caractères...électoraux et provoque une superbe cacophonie. Comme le rappelle un internaute du « Monde » : « sauf pour les asthmatiques et les insuffisants respiratoires, ce ne sont pas les pics qui sont dangereux pour la santé mais l'exposition chronique, d'où l'importance des moyennes annuelles, lesquelles ont une tendance à la baisse, illustrant ainsi le rôle des nouvelles technologies, notamment des filtres, qu'il faut encourager à utiliser et non surtaxer les vieux moteurs et vieilles cheminées !  ».

Ici ou ailleurs, la pollution règne (Los Angelès, photo par Chang'r, flickr CC BY-ND 2.0)
Rêveries politiques
L'application des mesures anti-pollution contient les traditionnelles baisses de vitesse sur autoroutes, la gratuité des transports publics et les ubuesques mesures de circulation alternée selon qu'on ait un numéro paire ou impaire sur les plaques minéralogiques. Dans ce débat, la politique n'est jamais très loin et comme de coutume, en France, cela vire au combat de coq gauche/droite, comme si l'ozone avait une couleur selon la couleur politique municipale. Mais on peut encore pousser plus loin le bêtisier.

Ainsi en Belgique, les habitants des Ardennes ont été épargnés des baisses de vitesse. Faut pas être universitaire pour lire entre les lignes : avec des bourgades clairsemées, l'utilisation de la voiture est obligatoire et doit - surtout - se faire au timing normal, vu les plus grandes distances à parcourir. Le même raisonnement électoraliste est appliqué en Champagne, en Auvergne et en Aquitaine, bref, dans toute le France sauf à Paris. Certes, les pics diffèrent entre la ville et les campagnes, mais avec le vent, la pollution circule là où elle le veut, pas là où le rêvent les politiciens ! 

La magie de la gratuité !
L'autre recette magique concerne la gratuité des transports publics. La magie politique veut ainsi renverser les comportements en réduisant l'utilisation de l'auto. Qu'avons-nous observé ? Un effet d'aubaine pour les publics précarisés, qui ne voyageaient déjà pas en voiture, et qui se sont déplacés à bon compte. Les autres, ceux de la majorité, ont continué leur train-train quotidien, les uns en voiture, les autres en train. Car ni les écoles ni les bureaux n'allaient déménagés en une nuit tout près de chez vous (le rêve écolo de la sédentarisation à l'ancienne). Bref, bus gratuits ou pas, la problématique des déplacements et des localisations des lieux de vie ne changent forcément pas. Moralité : on a pollué autant avec la gratuité des bus que sans !

20 km/h à Den-Haag, c'est chic...(photo par Jules Stoop, flickr CC BY-NC-SA 2.0)
Certes, me rétorquera-t-on, en baissant les vitesses, on diminue un tant soit peu l'émission des polluants. Certes...Que les effets de la pollution proviennent en partie du transport automobile, c'est incontestable. Mais qu'il faille virer les voitures du jour au lendemain, en alterné ou autre formule, tient de l'idéologie...sans lendemain. Quand on veut être crédible, mieux vaut s'attarder sur des mesures qui sont susceptibles d'avoir l'adhésion de tous ! Et cela ne s'étudie pas en une nuit...


Exemple de politisation via deux blogs au hasard : 

Une belle information de nos amis suisses sur la formation de la pollution